Les carrières de Gauriac

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Dès l'Antiquité, le calcaire à astéries extrait du coteau de Gauriac est connu pour sa qualité. Les Romains utilisèrent cette pierre pour construire les grands monuments de Bordeaux (les Piliers de Tutelle ou le Palais Gallien).

La falaise calcaire et les pierres qui en sont extraites sont mentionnées sur les cartes de la 2e moitié du 18e siècle.

Les carrières étaient exploitées par galeries accessibles par des "bouches d'entrée" au pied du coteau ou par des puits. Le rocher pouvait être également entamé par tombées à flanc de falaise. La pierre était acheminée sur les bord de l'estuaire pour être embarquée depuis les cales aménagées sur le rivage. Si la Corniche concentre les carrières, et notamment le site de Mugron, d'autres sont également attestées à Perrinque par exemple. L'ensemble du sous-sol de la commune est ainsi creusé d'un important réseau de galeries, qu'il était nécessaire d'étayer.

Elles furent en activité tout au long des 18e et 19e siècles, contribuant au développement économique et à la croissance démographique de la commune. Jusqu'à 2000 carriers travaillèrent aux carrières, 25% de la population vivait de cette activité jusque dans la première moitié du 20e siècle. Les carriers étaient également appelés "rouqueys", en référence à la roque, ou encore "clottiers".

Au 18e siècle, les carrières du château Poyanne sont en activité : un procès oppose ainsi François de Calmeilh aux pierriers en 1728 (AD Gironde, 3 E 25511, notaire Robert) ; il a également quelques démêlés avec ses voisins Jacques Furt, conseiller à la cour des Aides, marié à Madeleine Barriou : en 1732, ces derniers lui reprochent d'avoir fait un chemin à travers leur propriété, en comblant un fossé, et d'avoir empiété sur l'exploitation de leurs carrières (AD Gironde, 3 E 25513, notaire Robert).

Quelques familles firent fortune, notamment la famille Viaud, propriétaire des châteaux de Thau et de Banly et des carrières de Mugron au 19e siècle. Jean Viaud est ainsi mentionné comme maître carrier à Gauriac. La famille Escarraguel était également en charge de l'exploitation de certains terrains : dans les années 1860, Jacques Escarraguel, ingénieur civil, était entrepreneur des travaux d'amélioration de la passe de Bassens pour lesquels la roche de la Roque de Thau était utilisée. Le moellon dur de Roque-de-Thau alimentait effectivement les grands chantiers du Bordelais, du Libournais et du Blayais, reconnu pour sa qualité et sa capacité à réguler la température.

En dépit de travaux de stabilisation entrepris depuis le 18e siècle, cette activité n'était pas sans danger et plusieurs accidents (éboulement, effondrement, accidents de travail) furent à déplorer. La corniche était particulièrement une zone à risques et les registres de délibérations de la commune font état de problèmes causés par l'extraction de la pierre : ainsi, dans les années 1860, Jean Viaud, maître carrier à Gauriac, propriétaire et exploiteur de carrières, se voit contraint de faire démolir une maison (parcelles 142, 142 bis) qui allait être inévitablement détruite par la chute d'une carrière par tombée (n° 107, section B) au lieu dit du Mugron. Le 21 mai 1869, des travaux de consolidation doivent être réalisés à la suite des éboulements dans d'anciennes carrières alors habitées par les familles Pastoureau, Mabile et Consorte. Le 10 mai 1878, Pierre Séguin, charpentier de navire âgé de 60 ans, chez Clément Viaud au Mugron, décède dans un éboulement, "occupé à faire une levée extérieure à un pilier afin d'y mieux établir les trous de mène, percuté par une langue de terre (décrochement depuis le haut de la corniche)". En mars 1926, un éboulement survient au Rigalet, menaçant une zone menacée au niveau du rocher de la Vierge : "Interdiction à Mr Valet de raser ou de servir à boire et de recevoir quiconque dans la maison qu'il habite [...] en raison de la sécurité des citoyens". En 1930, d'importants éboulements ont encore lieu à Vitescale, à la Mayanne, à Furt et à Marmisson.

Depuis 1990, les éboulements et le taux d'effritement de la roche sont particulièrement surveillés. Le Bureau des carrières du Conseil général de la Gironde, a diagnostiqué le hameau de Perrinque comme zone à risque. Des travaux de confortement du sous-sol sont engagés notamment sur la RD 669 entre Thau et Banly, sur la route des Astéries au numéro 26 ou encore à Marmisson, notamment dans des maisons de l'escalier des troglodytes.

Depuis 2001-2002, la commune est dotée d'un plan de prévention des risques naturels (PPR) pour mouvement de terrains et zones inondables. Un plan de prévention des risques naturels prévisibles de mouvement de terrain (PPRNMT) a également pour but d’identifier les risques potentiels et de proposer des mesures préventives aux administrés concernés. 200 hectares soit 50% de la superficie de la commune sont concernés par ces réglementations.

Périodes

Principale : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Principale : 20e siècle

Le coteau rocheux entre la Roque-de-Thau et Vitescale conserve d'anciennes entrées de carrière aujourd'hui condamnées. Certaines ont été transformées en habitations ou en dépendances, encore en partie utilisées. La végétation recouvre aujourd'hui les traces de l'exploitation de la pierre notamment sur le plateau de Mugron.

D'autres entrées de carrières ont été repérées à Perrinque ou au Château de Roque de Thau, près du hameau de Banly. Il s'agissait d'exploitations souterraines avec un réseau de galeries pouvant se superposer sur 9 niveaux.

Les sites sont aujourd'hui condamnés pour des raisons de sécurité et attentivement surveillés pour éviter tout effondrement.

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